mercredi 30 août 2017

Sur le glacier Astrolabe

La semaine dernière, alors que nous étions sur la journée la plus froide depuis notre arrivée en Terre Adélie (température relevée à -35.7°C le matin !), mais que le ciel était bien dégagé, un petit groupe est parti sur le glacier (l'Astrolabe) pour y faire les relevés mensuels de neige et de glace.

Cette fois nous sommes partis en petit véhicule à chenilles (le "Kubota"), avec 3 personnes dans la remorque (avec des couvertures) et 3 personnes à l'avant, vitres ouvertes pour éviter la formation de givre sur le pare-brise...

Le froid de cette journée nous a obligé à mettre les combinaisons "froid extrêmes" prévues en principe pour les hivernants de la station de Concordia où les températures sont encore plus basses qu'à Dumont D'Urville. Ces combinaisons bleues sont assez lourdes (car très épaisses) mais redoutables pour parer le froid!




Départ de la base avec le Kubota



Arrivée au pied du glacier Astrolabe



Briefing des 2 équipes de mesures avant la manip (2 x 3 personnes)



C'est parti pour les relevés (équipe Erwan, Kévin et moi)



Le glacier



Vue de la base au loin depuis le glacier



Moi devant une petite station météo perdue sur le glacier (appelée "D3")

lundi 28 août 2017

Rénovation de l'abri météorologique


Depuis l'installation de la base Dumont D'Urville sur l'île des Pétrels en 1956, un abri météorologique en bois permet de mesurer divers paramètres atmosphériques, comme la température et l'humidité, sans être influencés par le Soleil et les précipitations.

Malgré les conditions extrêmes qui règnent en Terre Adélie, l'abri d'origine est toujours en service de façon opérationnelle. Il avait cependant besoin d'une bonne rénovation, notamment côté peinture. Le blanc est la seule couleur utilisée afin que l'abri ne soit pas réchauffé par le rayonnement solaire.

Ainsi, chacun y a mis du sien et l'abri a été poncé, démonté puis repeint et enfin réinstallé. Une fois poncé, nous avons pu voir que le bois était en très bon état, certainement dû à l'air très sec et à l'absence d'insectes en antarctique. Grâce à Vincent, Philippe et aux différents professionnels présents sur la base (menuisier et mécanicien de précision notamment), l'abri est désormais en parfait état!

Pendant ce temps, un abri de secours, quasiment identique mais moins solide, a pris le relais mais il est essentiel de conserver à terme l'abri d'origine pour avoir une série de mesures homogène dans le temps.

Sur les photos, on peut voir le météorologue André Prudhomme lors d'un relevé des mesures (manuel à l'époque) dans l'abri en 1958, durant la 8ème expédition polaire française en Antarctique.

Pour fêter cet événement qui concerne une pièce "historique" de la météo en Terre Adélie, un buffet a été servi dans la salle d'exploitation du bâtiment météo en présence des autres hivernants.




L'abri avant rénovation



Démonté dans l'atelier technique de la météo



Ponçage




Vincent remonte l'abri



Mise en place de l'abri sur son support d'origine



André Prudhomme en 1958 à DDU



L'équipe météo de la 67ème devant l'abri rénové



Le buffet à la météo!

samedi 19 août 2017

Un point sur la banquise antarctique

La période actuelle correspond au cœur de l'hiver en Antarctique. C'est en ce moment que les températures  en surface atteignent leur minimum, jusqu'à la mi-septembre où elles commenceront à remonter doucement puis plus rapidement en octobre avec l'augmentation de l'ensoleillement..

Avec une certaine inertie, la banquise elle, atteint son maximum d'extension vers fin septembre. Le retour du Soleil en Terre Adélie permet d'obtenir de belles images satellites montrant (quand il n'y a pas de nuages), les limites d'extension de la banquise. Les deux satellites Terra et Aqua (qui tournent autour de la Terre à une altitude d'environ 705km) passent près des pôles et fournissent une image par jour du secteur de la Terre Adélie à une très bonne résolution (un pixel tous les 250m).

Sur l'image du 11 août, on visualise bien la limite de la banquise (blanc uniforme) entre la côte et environ 70km (au plus près de la base), s'étendant par endroits jusqu'à près de 200km. On parle de banquise quand la glace de mer est uniforme et rattachée à la côte.
Au-delà, on distingue plutôt des plaques de glace, plus ou moins grandes, mais dispersées, on parle alors de "pack". Enfin, il arrive (surtout près des côtes) que des fissures plus ou moins larges se créent sur la banquise et sont appelées "rivières".

A titre de comparaison, au 16 août, l'extension de la banquise dans le secteur de la Terre Adélie est supérieure à la position médiane (c'est à dire environ la position moyenne), mais on voit que dans d'autres secteurs elle est un peu moins étendue que d'habitude. Le mois de juillet 2017 apparaît également comme celui où l'extension de la banquise a été la plus faible depuis 1979 (voir histogramme des mois de juillet).

Enfin, la dernière image (courbes) montre l'extension de la glace de mer (banquise) antarctique depuis le début de l'année 2017, comparée à la moyenne (courbe grise) et à celle de 2016 (courbe verte). Globalement, la banquise a perdu une petite partie de sa surface cette année (on raisonne quand même en millions de km²...).




Image satellite Aqua du 11 aout 2017 sur le secteur de Terre Adélie - Continent en haut à gauche de l'image -(Source: Australian Antarctic Division)



Zoom de l'image précédente (Source: Australian Antarctic Division)



Extension de la banquise au 16 août 2017 - Comparaison avec la médiane (tracé jaune) - Source: NSIDC-NOAA



Carte d'anomalie d'extension de banquise en juillet 2017 - En rouge les zones plus étendues que la normale, en bleu les zones moins étendues - Source: NSIDC - NOAA



Évolution de la surface de banquise sur tous les mois de juillet depuis 1979 - Source: NSIDC - NOAA



Courbe d'évolution de la banquise sur l'année 2017 (bleu), 2016 (verte) et la moyenne (grise) - Source: NSIDC - NOAA

jeudi 17 août 2017

FIFA : Festival International du Film Antarctique

Chaque année a lieu le Festival International du Film Antarctique. Il s'agit d'un concours entre les bases antarctiques (toutes nationalités) et sub-antarctiques (Crozet, Amsterdam, Kerguelen) où chacune réalise deux films (une catégorie "OPEN" avec un sujet libre et une catégorie "48H" avec des objets/sons/phrases imposés et le tout à réaliser en 48h...).

Tous les hivernants de DDU ont durement travaillé pour la réalisation des deux films:
- catégorie "OPEN" : "Lost into the White", qui raconte l'arrivée d'un explorateur sur une terre inconnue..
Lien:
https://www.dropbox.com/s/wl05xh304eico54/Dumont%20d%27Urville%20-%20Lost%20In%20The%20White.mp4?dl=1



- catégorie "48H" : "Scenari", décrivant la recherche d'un scénario pour la réalisation du film 48h...
Lien:
https://www.dropbox.com/s/7ay54je6lp0ngvv/Dumont%20d%27Urville%20-%20Scenari.mp4?dl=1



Voici également le lien vers le fichier permettant de télécharger les films des autres bases (attention les liens  ne seront valables que jusqu'à la fin du mois d'août).
Lien:


http://ovh.to/kBDLQCv
 
Ci-dessous, quelques photos de l'équipe de tournage de "Lost into the White".




Photo Aurélien Rouillé



L'équipe (avec Gringo dans la Pulka) - Photo Aurélien Rouillé



Photo Aurélien Rouillé



Équipe tournage "OPEN" (de gauche à droite: Alex, Paul, Kévin, François) - Photo François Mariotti

Stratocumulus fluctus


Hier matin, alors que les premiers nuages d'une perturbation en approche envahissent la base, une couche de nuages particuliers a attiré mon attention : des nuages en forme de vagues...

Il s'agit de Stratocumulus fluctus. On peut les observer dans tous les coins du globe mais leur organisation assez nette est quand même remarquable. Le phénomène physique qui leur donne naissance s'appelle "Instabilité de Kelvin-Helmholtz" (du nom des physiciens qui l'ont découvert).. Il se produit lorsque la vitesse du vent varie suffisamment sur une faible distance verticale (on parle de cisaillement). Cela crée alors des petits tourbillons et si la couche est assez humide, des nuages se forment en prenant la forme de vagues qui déferlent..

Cette particularité de nuages n'a eu un nom officiel que très récemment, l'OMM (Organisation Mondiale de la Météorologie) l'a baptisé "fluctus".




stratocumulus fluctus



Deux couches d'air avec un vent différent: un vent plus fort (flèche rouge) au-dessus d'un vent plus faible (flèche orange) créé du tourbillon entre les deux.



Explication du cisaillement



Le cisaillement créé de la rotation horizontale

dimanche 13 août 2017

210 km/h et tornades de glace



Ces deux derniers jours, un épisode de vent catabatique s'est déchaîné sur les côtes antarctiques. Pendant toute la période, des rafales de vent extrêmes ont alterné avec quelques périodes très calmes, et très traitres. En effet, les accalmies pendant les épisodes de vent catabatique sont trompeuses puisque le vent peut passer soudainement de 5 km/h à plus de 200 km/h en moins d'une minute...

Pour cet épisode, nous avons atteint la rafale maximale de la mission 67, avec un pic à 210,6 km/h le 10 août à 19h10, soit au moment où les hivernants sortent des bâtiments pour se rendre au repas servi au séjour. Ces rafales sont destructrices et emportent des objets parfois bien dangereux (barres métalliques, bout de passerelles, antennes et autres capteurs ont volé ce jour là)..

Le spectacle est aussi à la hauteur, avec le mur de neige qui a atteint une hauteur de plus de 700 m, et des "snow devil", ces diables de neige, tourbillons de glace ressemblant à des tornades emportant la neige du sol..




Image canal visible satellite (Aqua) du jeudi 10 août 2017. Mur de neige le long de la côte (ombre).



Courbe des rafales de vent entre le 10 et 11 août à la station. Données Météo France.



Pluviomètre endommagé (une partie des lames brise-vent arrachée).


mercredi 9 août 2017

Autour de la manchotière

Profitant du Soleil qui se fait de plus en plus haut au fil des jours, voici un petit aperçu de tout ce qui se passe autour de la manchotière...

D'abord les poussins grandissent de jour en jour, ils mettent déjà un petit duvet, mais sont encore bien au chaud entre les pattes des adultes. Élodie enregistre toujours les clairons de manchots, et certains viennent lui rendre visite. D'autres manchots ont l'air de se faire quelques câlins, il s'agit en fait d'un comportement de sociabilisation entre eux.

Coline s'installe patiemment en haut d'une congère pour observer le comportement des adultes et des poussins, notamment les rapts: certains  adultes n'ayant pas de poussin, ils essayent d'en voler auprès des autres. Elle note alors tous les détails de ces kidnappings (heure, durée, emplacement, comportement, etc).

Pendant ce temps, de façon plus touristique, Vincent, Pierre-Emmanuel, Philippe et moi sommes là en spectateurs, aussi curieux que les manchots finalement..

Enfin, entre le glacier et les îles proches de la manchotière se trouve une zone dite de "chaos". La banquise est située dans une zone de compression, la glace est poussée par l'avancée de la langue du glacier Astrolabe et vient se tasser contre les îles, créant de magnifiques structures de glace.




Base vue depuis la manchotière.



Vincent grimpant la congère de glace, devant la manchotière.



Sur la butte, Vincent photographie les Empereurs.



Deux poussins font connaissance.



Le duvet commence à pousser...



Câlins entre 2 manchots.



Intrigués par Élodie et son matériel d'enregistrement



Philippe photographie la manchotière



Coline observe les rapts de poussins



Zone de chaos, au nord de la manchotière, près du glacier



Base vue du chaos



Moi entre 2 plaques de banquise (Photo de Pierre-Emmanuel)



Le chaos. Photo de Vincent



Pierre-Emmanuel dans le chaos. Photo de Vincent